Le triolet (rondeau ancien ou simple)
Le vieux trouvère |
Texte :
Gaston Couté (Oeuvres de jeunesse - chanson) Musique : Gaël Liardon |
Dans
ce temps-là, je n'avais rien, Rien du tout dans mon escarcelle, Et ma lyre était tout mon bien ; Dans ce temps-là je n'avais rien Que de grands trous à mon pourpoint Et le cœur de ma damoiselle. Dans ce temps-là je n'avais rien, Rien du tout dans mon escarcelle. J'allais chanter dans les manoirs La geste du vieux Charlemagne, Et, gueux d'argent, riche d'espoirs, J'allais chanter dans les manoirs Devant les dames aux yeux noirs Dont les barons faisaient compagne. J'allais chanter dans les manoirs La geste du vieux Charlemagne. On m'aimait... j'étais adoré Car j'avais ce qu'il faut pour plaire : Le regard vif, l'air déluré ; On m'aimait... j'étais adoré Et m'étais toujours figuré Qu'on vivait d'amour et d'eau claire. On m'aimait... j'étais adoré Car j'avais ce qu'il faut pour plaire. Je payais souvent un baiser D'un rondel ou d'une ballade Lorsqu'on voulait bien me laisser, Je payais souvent un baiser Comme ça, sans jamais toucher A ma bourse toujours malade, Je payais souvent un baiser D'un rondel ou d'une ballade. Quand ma toute belle voulait Un collier d'or aux lueurs folles Pour entourer son cou fluet, Quand ma toute belle voulait !... Je lui faisais un chapelet D'éblouissantes lucioles, Quand ma toute belle voulait Un collier d'or aux lueurs folles. L'avenir était devant moi Comme un jardin couvert de roses Et, plus riant que pour un roi, L'avenir était devant moi... Mais, maintenant, au vieux beffroi Vont sonner mes heures moroses. L'avenir était devant moi Comme un jardin couvert de roses. Riche et vieux !... las ! m'ont dit adieu Jeune pastoure et gente dame Que mes cheveux blancs tentaient peu. Riche et vieux !... las ! m'ont dit adieu Car je n'attends qu'un mot de Dieu Pour voir, vers lui, voler mon âme. Riche et vieux !... las ! m'ont dit adieu Jeune pastoure et gente dame !... Gaston Couté (1880-1911) |
Puisque je sais que vous m'aimez |
Texte :
Charles Le Goffic (Amour Breton, Triolets
à ma mie) Musique : Gaël Liardon |
Puisque je
sais que vous m'aimez, Je n'ai pas besoin d'autre chose. Mes maux seront bientôt calmés, Puisque je sais que vous m'aimez Et que j'aurai les yeux fermés Par vos doigts de lis et de rose. Puisque je sais que vous m'aimez, Je n'ai pas besoin d'autre chose. Je voudrais mourir à présent, Pour vous avoir près de ma couche, Allant, venant, riant, causant. Je voudrais mourir à présent, Pour sentir en agonisant Le souffle exquis de votre bouche. Je voudrais mourir à présent, Pour vous avoir près de ma couche. S'il fallait, comme au temps jadis, Franchir des monts, sauter des fleuves, Combattre en plaine un contre dix, S'il fallait, comme au temps jadis, Jouer pour vous les Amadis, Mon cœur bénirait ces épreuves, S'il fallait, comme au temps jadis, Franchir des monts, sauter des fleuves. Jasmins d'Aden, œillets d'Hydra, Ou roses blanches de l'Écosse, Fleurs d'églantier, fleurs de cédrat, Jasmins d'Aden, œillets d'Hydra, Dites-moi les fleurs qu'il faudra, Les fleurs qu'il faut pour notre noce, Jasmins d'Aden, œillets d'Hydra, Ou roses blanches de l'Écosse. Sur les lacs et dans les forêts, Pieds nus, la nuit, coûte que coûte, J'irais les cueillir tout exprès, Sur les lacs et dans les forêts, Hélas ! et peut-être j'aurais Le bonheur de mourir en route, Sur les lacs et dans les forêts, Pieds nus, la nuit, coûte que coûte... Charles Le Goffic (1863-1932) |