Franck Lepage


Inculture(s) 1 - « L'éducation populaire, monsieur, ils n'en ont pas voulu »




Version de 6 heures ci-dessous

Excellente définition de l'art "contemporain" de 3h40 à 4h24
Extraits
"Si critiquer l'art contemporain, c'est "être de droite", alors la gauche est foutue. Ça veut dire qu'à gauche, on ne peut plus critiquer la question de la culture, elle est incritiquable. C'est une religion, donc, c'est du sacré."
"Une idéologie est dominante si, et seulement si sa fonction idéologique ne peut pas être perçue."







"Trois réacs à la FIAC"
ou Pour une critique de gauche de l'art "contemporain"



Atelier de désintoxication de la langue de bois



 

Inculture(s) 2 - De l'éducation nationale



Autre version



@ux sources de Franck Lepage







atelier "désintoxication à la langue de bois"

Dictionnaire Collectif de la Langue de Bois et des concepts opérationnels

Guide de désintoxication de la langue de bois

Décrypter le fonctionnement de la langue de bois


La culture est une formidable démonstration politique de quelque chose. Le théâtre, ça consiste à faire semblant. La culture, ça consiste à faire pour de vrai. (...) Si je voulais vous faire comprendre théâtralement que je fais pipi, je ferais un truc comme ça [il mime], vous auriez tous compris : « ah, il fait pipi ». Mais je ne le ferais pas vraiment, vous voyez, et vous auriez compris quand même. Ça serait du théâtre. (...) Alors que si je la sortais et si je me mettais à uriner devant vous, alors je pourrais demander des subventions à la DRAC, je pourrais demander de l'argent au ministère de la culture, parce que ça serait une formidable prise de risque artistique, et que ce ministère est là maintenant depuis une cinquantaine d'années pour encourager les vraies prises de risque artistique. Je veux dire, on ne va quand même pas donner de l'argent public à des gens qui font semblant. D'accord ?

Alors, ça n'a pas toujours été comme ça. On va évoquer ce soir ce moment où c'est devenu ça. Le moment dans notre histoire, en France, où quelque chose a basculé, au tournant des années soixante. Où ce qui n'était que du théâtre, de la danse, de la peinture, est devenu autre chose, c'est à dire une formidable démonstration politique permanente de quelque chose. Le moment où le pouvoir a compris l'intérêt qu'il y avait à souffler à l'oreille de quelques peintres, quelques danseurs, qu'ils faisaient beaucoup plus que de la danse, qu'ils faisaient un acte de création, qu'ils étaient des créateurs. Jusque là, ce mot était réservé au vocabulaire religieux. (...) Et le pouvoir a compris un truc génial, c'est que vous ne pouvez pas critiquer une création, c'est impossible. Vous pouvez critiquer du théâtre, de la peinture, de la danse, ça sert à ça, on appelle ça de l'esthétique, ça sert à être jugé. Alors que si c'est une création, et si vous la critiquez, ça fait de vous immédiatement un fasciste. (...)

Vous allez me dire : c'est complètement idiot de donner de l'argent public, de donner des subventions vertigineuses, pour faire pipi par terre. Mais ce n'est pas idiot du tout. C'est même remarquablement intelligent. Parce que ça nous prouve quelque chose, ça nous démontre quelque chose, j'ai envie de dire : ça nous fait croire quelque chose. Ça prouve de la liberté d'expression. Ça vous fait croire à la démocratie. Mais une démocratie à bon compte. Si vous pensez que la démocratie, c'est plus compliqué que ça, ça consiste à prendre des risques contre des institutions, vous avez perdu votre temps : il suffisait d'ouvrir votre braguette, ça faisait de vous un démocrate immédiatement. Par exemple si vous voulez déclamer au milieu de la cour d'honneur du palais des papes à Avignon que l'office public des hlm du Vaucluse a une politique d'attribution des logements aux familles algériennes qui les cantonne tous en-dehors des remparts dans des ghettos, vous ne pourriez pas demander de subventions à la DRAC et au ministère de la culture pour ça. Ça ne serait pas considéré comme de la liberté d'expression.

Et donc c'est vachement malin, parce que ce ministère est là depuis une cinquantaine d'années maintenant pour nous faire croire à la démocratie, et en réalité pour nous faire adhérer au capitalisme. Si vous voulez, à Moscou, au Bolchoï, elles ne se pissent pas dans le tutu : c'est donc un pays totalitaire, vous voyez. Si nous pouvons payer des sommes astronomiques à des gens pour pisser par terre, nous sommes en démocratie.

Tiré de la vidéo ci-dessous à partir de la minute 12.