Les tempéraments
et l'origine des gammes
du lundi 3 au vendredi 7 avril 2006
dans la série "Musique en mémoire"
de la Radio Suisse Romande - Espace 2
Cinq émissions proposées par Gaël Liardon
au micro de David Meichtry
avec la participation de Jovanka Marville, claveciniste
Rendre compréhensible aux non-initiés le sujet passionnant des
tempéraments: c'est le pari de Gaël Liardon dans Musique en mémoire
cette semaine. Gaël Liardon, organiste à Villamont à Lausanne et
professeur de musique, est familier du sujet, lui qui a construit avec
le facteur Jean-Marie Tricoteaux un petit orgue positif facilement
accordable, grâce à des tuyaux télescopiques, afin de démontrer
auditivement la différence entre la justesse et la pureté d'une quinte,
entre une gamme naturelle et nos échelles occidentales anciennes et
actuelle, enfin entre le do et le si dièse...
Si les commas pythagoricien, syntonique ou enharmonique sont encore
abstraits pour vous, ce ne sera plus le cas au terme de ces 5 émissions
qui retracent de manière vivante (outre l'orgue, Gaël Liardon donnera
de nombreux exemples au clavecin et au piano) l'histoire de ces
mystérieux tempéraments - avec un éclairage jeudi sur une découverte
toute récente qui pourrait enfin nous révéler ce qu'entendait Bach par
"bien tempérer son clavier".
Il est impossible d'accorder un instrument sans
faire de compromis, car la physique du son ne permet pas d'accorder
tous les intervalles parfaitement. Il est toujours nécessaire de
privilégier certains intervalles au détriment d'autres. C'est ce qu'on
appelle le tempérament. L'évolution des tempéraments dans l'histoire de
la musique européenne éclaire de manière passionnante l'évolution du
langage musical, car elle révèle les intervalles qui caractérisent
chaque époque. En élargissant cette recherche, on peut également mieux
comprendre comment sont structurées les gammes européennes et celles
d'autres civilisations, et ce qui les différencie.
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Un orgue accordable
pour étudier les tempéraments
Cet instrument a été construit entre 1995 et 2004 par Gaël
Liardon avec l’aide de la Manufacture de Felsberg (un grand merci à son
directeur Richard Freytag et à tous ses collaborateurs), et harmonisé
par Jean-Marie
Tricoteaux. Il se trouve dans l'église de Villamont, à Lausanne
(Suisse). Il est destiné à l'étude des tempéraments, non seulement de
la tradition européenne, mais également des autres traditions.
Il contient quatre registres coupés en basses et dessus entre
do et do dièse (principaux 8’, 4’ et 2’ et régale 8’). Les tuyaux
métalliques à bouche sont munis d’une rallonge coulissante, faite d’une
feuille de fer blanc enroulée (comme sur un mannequin), ce qui permet
de modifier leur accord. La régale et la première octave du principal
8’ (tuyaux en bois bouchés) permettent de toute manière cette
modification.
Les tuyaux ont été disposés de manière à être tous à portée de
main : le sommier principal, en dessus du clavier, porte les petits
tuyaux (régale et principaux jusqu’à la longueur de 2’) ; un deuxième
sommier est placé derrière l’orgue au sol et porte les grands tuyaux
(plus grands que 2’). Les gravures de ces deux sommiers sont reliées
par des portes-vent en bois. Par choix esthétique et de sensibilité
personnelle, la soufflerie est actionnée mécaniquement au moyen d’une
pédale. Une deuxième pédale se trouve derrière l’orgue pour permettre
de pomper en accordant les grands tuyaux. Un dispositif de régulation
de la pression (à levier) a été ajouté pour faire fonctionner la régale.
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