Le rondeau (ou rondel)
Le temps a laissé son manteau |
Texte :
Charles d'Orléans Musique : Gaël Liardon |
Le temps a laissié
son manteau De vent, de froidure et de pluye, Et s'est vestu de brouderie De soleil luyant cler et beau. Il n'y a beste ne oyseau Qu'en son jargon ne chante ou crie: Le temps a laissié son manteau De vent, de froidure et de pluye. Riviere, fontaine et ruisseau Portent, en livree jolie, Gouttes d'argent d'orfaverie; Chascun s'abille de nouveau. Le temps a laissié son manteau De vent, de froidure et de pluye, Et s'est vestu de brouderie De soleil luyant cler et beau. Charles d'Orléans (1394-1465) |
A ce jour de Saint Valentin |
Texte : Charles
d'Orléans Musique : Gaël Liardon |
A ce jour de Saint
Valentin Que chascun doit choisir son per, Amours, demourray je non per, Sans partir a vostre butin? A mon resveillier au matin, Je n'y ay cessé de penser, A ce jour de Saint Valentin Que chascun doit choisir son per. Mais Nonchaloir, mon medicin, M'est venu le pouse taster, Qui m'a conseillié reposer Et rendormir sur mon coussin. A ce jour de Saint Valentin Que chascun doit choisir son per, Amours, demourray je non per, Sans partir a vostre butin? Charles d'Orléans (1394-1465) |
Deux ou trois couples d'Ennuys |
Texte : Charles
d'Orléans Musique : Gaël Liardon |
Deux ou trois
couples d'Ennuys J'ay tousjours en ma maison; Desencombrer ne m'en puis, Quoy qu'a mon povoir les fuis Par le conseil de Raison. Deux ou trois couples d'Ennuys J'ay tousjours en ma maison. Je les chasse d'ou je suis, Mais en chascune saison Ilz rentrent par ung autre huis. Deux ou trois couples d'Ennuys J'ay tousjours en ma maison; Desencombrer ne m'en puis. Charles d'Orléans (1394-1465) |
Par lez portes dez yeulx et dez oreilles |
Texte : Charles
d'Orléans Musique : Gaël Liardon |
Par lez portes dez
yeulx et dez oreilles, Que chascun doit bien sagement garder, Plaisir mondain va et vient sans cesser Et raporte de diverses merveilles. Pource, mon cueur, s'a Raison te conseilles, Ne le laissez point devers toy entrer Par lez portes dez yeulx et dez oreilles, Que chascun doit bien sagement garder. A celle fin que par lui ne t'esveilles, Veu qu'il te fault desormais reposer. Dy lui : "Va t'en, sans jamais retourner! Ne revien plus, car en vain te traveilles." Par lez portes dez yeulx et dez oreilles, Que chascun doit bien sagement garder, Plaisir mondain va et vient sans cesser Et raporte de diverses merveilles. Charles d'Orléans (1394-1465) |
Par lez portes dez yeulx et dez oreilles, Que chascun doit bien sagement garder, Plaisir mondain va et vient sans cesser Et raporte de diverses merveilles. Pource, mon cueur, s'a Raison te conseilles, Ne le laissez point devers toy entrer Par etc., A celle fin que par lui ne t'esveilles, Veu qu'il te fault desormais reposer. Dy lui : "Va t'en, sans jamais retourner! Ne revien plus, car en vain te traveilles." Par etc. |
De l'amour ardant Au feu qui mon cueur a choisy, Jectez y, ma seule Deesse, De l'eau de grace et de liesse, Car il est consommé quasy. Amours l'a de si près saisy, Que force et qu'il crie sans cesse Au feu ! Si par vous en est dessaisy, Amours luy doint plus grand destresse Si jamais sert aultre maistresse : Doncques, ma dame, courez y Au feu. Clement Marot (1496-1544) |